Le spectre du « pire des mondes possibles » ou de la « bidonvillisation de la planète » porté par M. Davis[1] véhicule une représentation apocalyptique du devenir des villes en développement. Ce raccourci est cependant dangereux car il occulte une réalité diverse de formes urbaines non planifiées : taudis précaires et insalubres, lotissements clandestins péri-urbains, quartiers populaires auto-construits et viabilisés. C’est ce processus d’urbanisation – par l’occupation des terrains, la construction des logements, l’accès progressif à l’électricité, l’eau et l’assainissement, la régularisation ex post – qui a permis l’émergence des villes en Europe, et concerne aujourd’hui plus d’un tiers des urbains dans le monde. Si ces espaces urbains apparaissent de manière autonome et incrémentale, ce ne sont pas pour autant d’immenses bidonvilles paralysés ou chaotiques.
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